Martine Gueusquin

Quelle est la durée d'une séance de psychanalyse ?


La question du temps en psychanalyse : séance fixe ou variable ?

La durée d’une séance de psychanalyse varie selon l’orientation théorique de l’analyste. Pour un psychanalyste d’orientation freudienne, la durée est généralement fixe, autour de 45 minutes. Pour un psychanalyste d’orientation lacanienne, la séance est variable et souvent plus courte. Dans les deux cas, c’est l’analyste qui met fin à la séance, selon une logique propre à sa pratique. Ces approches divergentes du temps de séance méritent qu’on s’y attarde.

À l’époque de Freud, les séances duraient une heure, ce qu’il affirmait clairement :

« En ce qui concerne le temps, j’estime qu’il convient absolument de fixer une heure déterminée. Chacun de mes malades se voit attribuer une heure disponible de ma journée de travail. »
Autrement dit, pour Freud, la séance a une durée fixe et prévisible. Les analystes freudiens maintiennent cette pratique aujourd’hui, en organisant leur journée autour de rendez-vous planifiés heure par heure, en laissant en général un quart d’heure d’intervalle entre deux séances.

C’est Jacques Lacan qui a introduit la pratique des séances à durée variable, en la justifiant théoriquement par le concept de scansion. Cette coupure soudaine, souvent imprévisible, a pour but de marquer un dire important de l’analysant, de provoquer un effet de surprise qui l’invite à interroger ce qu’il vient d’énoncer, voire à en saisir une dimension inconsciente. En pratique, cela peut conduire à des séances très courtes.

Je privilégie la séance fixe et régulière, car la stabilité du cadre temporel crée des conditions favorables à un travail analytique en profondeur. Elle offre un environnement sécurisant où le patient peut laisser émerger librement ses pensées et ses émotions, sans redouter une coupure imprévisible. Les trois quarts d’heure constants structurent la séance, soutiennent la continuité du travail psychique et installent un cadre d’écoute à la fois fiable, neutre et bienveillant.

Cela ne signifie pas pour autant que la fin de séance est insignifiante. Même dans une pratique freudienne, le moment de clore une séance n’est jamais anodin. Il ne répond pas à une rigueur chronométrique, mais reste clair, respectueux et toujours ajusté au discours du patient.


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