Martine Gueusquin

L'anxiété


Le 11 octobre 2024, la santé mentale a été déclarée « Grande cause nationale » pour l’année 2025, soulignant son importance aussi vitale que celle de la santé physique. Pour la personne anxieuse, ces deux composantes s’expriment souvent ensemble, l’anxiété provoquant divers dérèglements organiques pouvant se confondre avec des maladies.
Dans ce contexte, le médecin généraliste est souvent le premier interlocuteur, parfois le seul, pour soulager ces souffrances. Le niveau élevé de prescriptions de médicaments psychotropes, les plus consommés étant les anxiolytiques, donne à voir de l’ampleur de ce malaise dont le soulagement n’est souvent que partiel et limité dans le temps. 
La psychanalyse propose une autre approche : elle ne considère pas l’anxiété comme un simple trouble à éliminer, mais comme un signal psychique à explorer afin d'en atténuer l'emprise. 

Qu’est- ce que l’anxiété ?

Qu'est ce que l'anxiété

Le terme "anxiété" n'appartient pas strictement au vocabulaire de la psychanalyse. Il ne figure d’ailleurs pas dans les principaux dictionnaires psychanalytiques. Chez Freud, le fondateur de la psychanalyse, c’est terme angoisse qui est utilisé pour désigner ce type de phénomène. Ce terme est donc privilégié dans le champ psychanalytique, tandis que celui d’anxiété relève plutôt du domaine médical ou psychologique.
Cela dit, dans le langage courant, les deux mots sont souvent employés de manière interchangeable. Dans les deux cas, il s’agit d’un état de tension — physique et/ou psychique — lié à des mécanismes inconscients.

 

L’anxiété recouvre un large éventail de manifestations, allant d’une angoisse rationnelle et compréhensible — comme celle éprouvée dans une situation de stress ponctuel, par exemple avant un entretien d’embauche — à une angoisse plus intense, excessive et persistante. Cette dernière peut prendre diverses formes et correspond aux troubles anxieux tels qu’ils sont définis par le DSM (manuel diagnostique des troubles mentaux).
Il apparaît donc que les termes anxiété et angoisse sont étroitement liés, et que, quels que soient leur intensité ou leur forme, les troubles qu’ils désignent peuvent engendrer une véritable souffrance au quotidien pour de nombreuses personnes.

 

Comment se manifeste l’anxiété ?

Qu'est ce que l'anxiété

L’anxiété se manifeste le plus souvent par une inquiétude excessive et persistante, pouvant porter sur une grande diversité de sujets, d’événements ou d’activités. Cette tension psychique peut s’étendre à toutes les sphères de la vie — personnelle, familiale, sociale ou professionnelle — au point de devenir omniprésente et d’envahir le quotidien de la personne concernée. Cette tendance à l’inquiétude constante génère une souffrance réelle, et peut être à l’origine de nombreux troubles tels que : 

  • des perturbations du sommeil : difficultés à l’endormissement, réveils nocturnes
  • des troubles gastro-intestinaux : reflux, troubles du transit
  • des troubles cardio-vasculaires : palpitations, maux de tête, vertiges
  • des tensions musculaires : au niveau du dos ++
  • une fatigabilité
  • une forte réactivité émotionnelle
  • une hyperactivité
  • des difficultés de concentration
  • des ruminations
  • des comportements d’évitement de certaines situations
  • des TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs)

Comment la psychanalyse agit-elle sur l'anxiété?

La psychanalyse libère la parole

La psychanalyse est une méthode fondée sur la parole. Parler de son anxiété à un psychanalyste peut avoir un effet libérateur. Dans la pratique, il s'agit d'un des effets les plus tangibles d’une séance d’analyse, particulièrement recherché par de nombreux patients en quête d’un apaisement rapide face à leurs souffrances.

En effet, les séances menées avec un psychanalyste ne relèvent pas toujours d’un travail strictement psychanalytique au sens classique du terme. Il s’agit souvent d’un travail thérapeutique, plus accessible, qui constitue le socle des psychothérapies d’inspiration psychanalytique.

Dans ce cadre, la parole joue un rôle central. En facilitant l’expression des émotions, elle permet une forme de libération intérieure. Cet effet de soulagement, parfois ressenti de manière quasi physique, correspond à un processus de décharge des tensions psychiques à l’origine de l’anxiété. Ainsi, la mise en mots des ressentis contribue à alléger la souffrance, ouvrant un espace d’apaisement.

Qu'est ce que l'anxiété

La psychanalyse dévoile les causes inconscientes de l’anxiété

La psychanalyse propose d’explorer les tensions psychiques à l’origine de l’anxiété, en offrant à chacun la possibilité de mieux comprendre ce qui se joue dans son propre vécu. Pour la psychanalyse, l’anxiété ne se réduit pas à une cause unique ou identifiable ; elle est plutôt l’expression d’un conflit intérieur, enraciné dans un ensemble de raisons inconscientes qu’il convient d’explorer.

Dans cette perspective, l’anxiété peut être comprise comme un appel à la parole, une invitation à mettre en mots ce qui, jusque-là, restait muet. Grâce au travail de libre association, la personne peut accéder à des angoisses anciennes, souvent non résolues, issues de son histoire, qui ne demandent qu’à être élaborées.

La psychanalyse permet ainsi une approche personnalisée et en profondeur de l’angoisse. Elle aide le patient à prendre conscience du lien entre son symptôme actuel et son histoire personnelle, ouvrant ainsi la voie à une meilleure compréhension de sa souffrance — et, progressivement, à une forme de libération intérieure.

Psychanalyse et médicaments

Psychanalyse et médicaments ne sont pas incompatibles

L’association de la psychanalyse avec une prise en charge psychiatrique et/ou chimiothérapique est relativement fréquente. Un patient invalidé par ses symptômes peut, en effet,  avoir eu besoin à un moment donné d’un traitement par psychotrope et souhaiter au décours de celui-ci, bénéficier d’un accompagnement par la psychanalyse comme complément ou en relais de la prise en charge médicamenteuse. 

Médicaments et psychanalyse

Concernant les traitements de l’anxiété, ceux-ci sont soumis à des règles de prescription précises du fait d’un risque de dépendance. Ainsi, la durée du traitement médicamenteux doit être la plus courte possible, à la dose minimale efficace. L’HAS (Haute Autorité de Santé) rappelle que ces traitements ne doivent pas être banalisés, car ils n’agissent pas sur les causes profondes de l’anxiété, mais uniquement sur ses symptômes.
C’est précisément ce que propose la psychanalyse : travailler sur les raisons inconscientes et profondes de l’anxiété, afin de mieux la comprendre et de l’apaiser de manière durable.


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