Martine Gueusquin

L'estime de soi


Qu’est-ce que l’estime de soi ?

L'estime de soi

L’estime de soi peut être définie comme le regard que l’on porte sur soi-même. En psychanalyse, cette notion s’apparente au narcissisme, entendu comme l’amour qu’un individu se porte à lui-même, en référence au mythe grec de Narcisse.

Ce lien entre narcissisme et image de soi a été mis en lumière lors de l’exposition consacrée à Jacques Lacan, présentée en 2024 au Centre Pompidou-Metz, dans laquelle était exposé le tableau Narcisse du Caravage.

Dans cette œuvre, le peintre représente un jeune homme captivé par son reflet à la surface de l’eau. Il se regarde, fasciné — mais s’admire-t-il vraiment ? Dans le récit d’Ovide, Narcisse, incapable de se détacher de son image, finit par périr, prisonnier de son propre regard.

 

Le narcissisme implique ainsi une relation au regard : d’abord celui que l’on pose sur soi, mais aussi, en creux, celui que l’on attend ou craint de la part des autres. Il constitue donc un prisme essentiel pour penser la construction de l’estime de soi.

L’étude du narcissisme en psychanalyse met en évidence le lien étroit entre image de soi et valeur personnelle. Elle permet de distinguer les nuances entre une estime de soi stable et équilibrée — reflet d’un narcissisme dit « normal » — et une estime de soi fragile ou déformée, propre au narcissisme pathologique.

Qu’est-ce qui influence l’estime de soi ?

Qu'est ce que l'estime de soi

L’estime de soi puise ses racines dans des processus inconscients étroitement liés à ce que la psychanalyse nomme l’idéal du moi. Ce concept, central dans la compréhension de l’estime de soi, désigne la représentation qu’un individu se fait de lui-même dans sa version idéalisée, conforme à ses aspirations les plus hautes. Cet idéal fonctionne comme un modèle auquel le sujet cherche à se conformer, influençant ainsi profondément la manière dont il se perçoit : positivement lorsqu’il s’en approche, négativement lorsqu’il s’en éloigne.

Cependant, lorsque cet idéal est investi de manière excessive et que le sujet ne parvient pas à s’en détacher, l’écart entre le moi réel et l’idéal du moi devient source de frustration, voire de souffrance. C’est alors que l’estime de soi se fragilise, tiraillée entre ce que l’on est et ce que l’on pense devoir être.

Les signes d’une faible estime personnelle

L’estime de soi constitue une composante essentielle de la santé mentale de tout individu. Lorsqu’elle est stable et positive, elle contribue à un sentiment de bien-être profond et favorise une relation équilibrée à soi-même comme aux autres. À l’inverse, une faible estime de soi peut entraver le fonctionnement psychique, affecter les choix de vie et fragiliser les liens sociaux. 

Les personnes présentant une faible estime d’elles-mêmes peuvent souffrir intérieurement, sans toujours en avoir pleinement conscience. Parmi les manifestations les plus courantes, on peut relever :

  • Une tendance à l’auto-dévalorisation et à la critique excessive de soi
  • Une peur du jugement ou du rejet, souvent paralysante dans les relations sociales
  • Une difficulté à s’affirmer, à exprimer ses besoins ou ses désirs
  • Une hypersensibilité à l’échec, vécue comme une remise en question globale de sa valeur
  • Un besoin constant de validation extérieure, traduisant une incapacité à s’accorder une reconnaissance interne
  • Un sentiment de vide malgré une réussite sociale apparente
  • Un repli sur soi, une passivité
Problème d'estime de soi

Comment la psychanalyse améliore t-elle l’estime de soi ?

L'estime de soi est avant tout une question de regard : un regard que l’on porte sur soi, mais aussi, parfois, un regard de soi sur l’autre, ou de l’autre sur soi. Tous ces mouvements réciproques qui forment l’essence même du narcissisme reposent sur un équilibre fragile entre surestime et mésestime.

La psychanalyse offre un chemin pour retrouver cet équilibre, en aidant à dépasser le fossé qui peut se creuser entre l’image que l’on donne à voir et ce que l’on ressent profondément. Lorsque l'estime de soi vacille ou disparaît, un travail intérieur devient alors nécessaire.

Grâce à la psychanalyse, il est possible de mobiliser une libido — entendue ici comme l’énergie psychique générale — jusque-là fixée à une image idéalisée de soi, souvent figée. Cette énergie n’est jamais immobile : un nouveau regard sur soi peut toujours émerger, ouvrant la voie à un devenir plus authentique et plus épanouissant. 


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