La durée d’une séance de psychanalyse varie en fonction de l’analyste. Pour un psychanalyste d’orientation freudienne, la durée de la séance est fixe, généralement de 45 minutes. Pour un psychanalyste d’orientation lacanienne, celle-ci est variable et plus courte. Dans les deux cas, l’arrêt de la séance correspond à une interruption provoquée par l’analyste. Ces pratiques différentes du temps des séances méritent de s’y attarder un peu.
Les séances duraient une heure du temps de Freud qui le soulignait en ces termes : « En ce qui concerne le temps, j’estime qu’il convient absolument de fixer une heure déterminée. Chacun de mes malades se voit attribuer une heure disponible de ma journée de travail. » Pour Freud, la durée de la séance est fixe. Les analystes d’orientation freudienne suivent cette pratique et donnent des rendez-vous d’heure en heure avec habituellement un quart d’heure pour séparer chaque séance.
C’est Lacan qui introduit l’idée des séances à durée variable. A partir de sa propre pratique, il théorise cette innovation technique qu’est la scansion qui consiste à mettre fin, de manière impromptue, à la séance. Provoquant la surprise, cette coupure de séance vise à souligner un dire de l’analysant pour l’inciter à s’interroger sur ce qu’il vient de dire, lui permettre de saisir autre chose que ce qu’il a dit ; cela pouvant conduire, en pratique, à des séances courtes.
Sur ces pratiques différentes de la durée des séances, la séance longue et régulière me paraît plus opportune. Le respect de cette temporalité fixe crée un cadre sécurisant pour le patient qui peut ainsi se laisser aller à ses pensées, vivre ses émotions et affects sans craindre une scansion imprévisible. Les trois quarts d'heure immuables offrent de surcroît un cadre temporel stable et confortable permettant au sujet de s’engager dans un travail analytique structurant, ce dernier étant aussi ce par quoi il rassure le patient en mettant à sa disposition un espace d’écoute neutre et bienveillante qui laisse du temps au temps.
Il n’en demeure pas moins que les analystes freudiens dont je fais partie, interviennent au cours d’une séance de psychanalyse et que la levée de la séance n’est pas neutre. En pratique, celle-ci ne se fait pas avec une précision chronométrique mais toujours de façon claire, respectueuse et ajustée au discours du patient et à ce qu’il vit durant sa séance.